Accueil d’immigrants : Le Québec en retard par rapport au reste du Canada

Malgré un taux de chômage historiquement bas et des pénuries de main-d’œuvre, le Québec a réduit l’immigration de 21 % en 2019. Cela pourrait nuire à l’économie de la province dans les années à venir.

Le gouvernement du Québec a tenu sa promesse de réduire l’immigration de 21 % en 2019 et la province a pris encore plus de retard par rapport au reste du Canada en ce qui concerne le nombre d’immigrants qu’elle accueille.

Selon les données d’Immigration, réfugiés et citoyenneté Canada (IRCC), le Québec a accueilli environ 40 600 immigrants en 2019, contre 51 100 l’année précédente.

Les admissions dans les catégories économique et familiale ont diminué de 20 %, tandis que les admissions dans la catégorie des réfugiés ont diminué de 17 %.

Dans l’ensemble, ces chiffres représentent les plus faibles admissions de résidents permanents dans la province depuis 2015.

Lors de son arrivée au pouvoir en octobre 2018, le gouvernement du premier ministre François Legault s’est engagé à réduire l’immigration dans la province. Le gouvernement a déclaré que cette réduction était nécessaire pour assurer la bonne intégration des nouveaux arrivants au marché du travail et dans la société majoritairement francophone du Québec.

Le Québec va à l’encontre de la tendance nationale

La décision du Québec de réduire l’immigration constitue un contraste frappant par rapport au reste du Canada. Au niveau national, le pays a augmenté de 6 % le nombre d’immigrants accueillis, pour atteindre 341 000 en 2019.

Chacune des quatre provinces du Canada atlantique — Terre-Neuve-et-Labrador, l’Île-du-Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse — a connu un taux de croissance d’au moins 15 % par rapport à 2018.

L’Ontario (12 %), le Manitoba (24 %), la Saskatchewan (2 %), l’Alberta (4 %), la Colombie-Britannique (12 %) et le Yukon (31 %) ont également enregistré une augmentation de leurs taux d’admissions d’immigrants.

L’immigration au Canada devrait continuer à augmenter progressivement, car le gouvernement fédéral vise des niveaux d’admission plus élevés dans le cadre de son Plan des niveaux d’immigration 2019-2021.

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La baisse de 21 % du taux d’immigration arrive à un mauvais moment

Le Québec a l’une des populations les plus âgées du Canada et son taux de natalité est aussi bas que la moyenne nationale. Par conséquent, la province a en fait besoin de niveaux d’immigration nettement plus élevés pour assurer le bon fonctionnement de son économie.

Si le Québec maintient de faibles niveaux d’immigration dans les années à venir, il limitera alors son potentiel de croissance économique.

En outre, le Québec pourrait devenir une destination moins attrayante pour les entreprises qui souhaitent y investir. Le secteur privé doit avoir accès à suffisamment de travailleurs et de consommateurs pour pouvoir investir dans une région. Mais si le Québec maintient un faible niveau d’immigration, alors que les autres provinces, comme l’Ontario, connaissent des taux de croissance économique plus élevés en grande partie grâce à l’immigration, cela pourrait pousser les investisseurs du secteur privé à aller ailleurs.

Le Québec devrait doubler son taux d’immigration actuel pour atteindre plus de 80 000 nouveaux arrivants par an afin de suivre le rythme de l’immigration canadienne par habitant (0,9 %).

Après la réduction significative de sa population immigrante en 2019, le Québec se classe désormais à l’avant-dernier rang des dix provinces canadiennes pour ce qui est du nombre de nouveaux arrivants par habitant, puisqu’il n’a accueilli que 0,5 % de sa population, devançant seulement Terre-Neuve-et-Labrador (qui a accueilli 0,4 % de nouveaux arrivants par habitant).

Le Québec prévoit de rehausser les seuils d’immigration en 2020

Le gouvernement du Québec a annoncé en octobre 2019 dans son plan d’immigration que l’objectif est d’accueillir jusqu’à 44 500 nouveaux arrivants en 2020. Cette augmentation des taux d’immigration est motivée par la nécessité d’atténuer les pénuries de main-d’œuvre dans la province.

Pour remédier à la pénurie de main-d’œuvre, plusieurs organismes et groupes représentant le milieu des affaires, comme la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) et le Conseil du patronat du Québec (CPQ), ont demandé au gouvernement d’augmenter l’immigration à 60 000 personnes par année.

Même si le nombre de 60 000 personnes est loin des niveaux d’immigration dont la province a réellement besoin pour maintenir des niveaux de croissance économique sains au cours des prochaines années, cela représente néanmoins une amélioration significative par rapport à l’objectif actuel de la province.

Le Québec a actuellement le deuxième taux de chômage le plus bas de son histoire et le plus bas de toutes les provinces canadiennes. Il s’élève actuellement à 5,1 %, derrière le taux de chômage de 4,5 % de la Colombie-Britannique (4,5 %). Il s’agit là d’un bon indicateur que le Québec peut gagner à augmenter sa main-d’œuvre, en puisant notamment dans des bassins de talents sous-utilisés au Québec, tels que les personnes en situation de handicap, et en attirant davantage de Canadiens et d’immigrants dans la province.

Pour l’instant, le Québec reste ouvert aux immigrants qui souhaitent s’y installer, mais le nombre de places est limité.

En 2020, près de 60 % des 44 500 nouveaux immigrants potentiels qui pourraient être admis par la province arriveront dans le cadre de programmes d’immigration économique, tels que le Programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ) et le Programme de l’expérience québécoise (PEQ).

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